Politiques des savoirs dans des mondes en crises

Les controverses et polémiques sont devenues des modalités omniprésentes du rapport au savoir dans les sociétés modernes : de leur forme triviale (les fake news sur les réseaux sociaux) à leur forme purifiée (le débat entre pairs dans l’univers confiné des sciences), elles se déclinent aujourd’hui sous une multitude de dynamiques. Les ruptures épistémiques que constituent le changement climatique, les crises sanitaires ou la prolifération des « big data » d’un côté, la défiance accrue envers les institutions scientifiques que manifestent certains gouvernements et mouvements politiques de l’autre, invitent à réinvestir des questions au cœur des STS sur la production des connaissances et sur l’inscription socio-politique des expertises.

Le CSI s’intéresse à la production de savoirs face à la crise climatique, et plus particulièrement à celle des scénarios d’émission de gaz à effet de serre qui ont vocation à informer et à évaluer les politiques climatiques et la transition énergétique. Ce domaine d’expertise met à l’épreuve les périmètres et hypothèses des calculs économiques ainsi que les liens entre disciplines scientifiques; il bouscule par ailleurs les relations entre expertises scientifiques et délibérations politiques.

Dans un autre registre, plusieurs travaux du CSI se concentrent sur les bouleversements que provoque la montée en puissance des communautés de l’open source et du hacking. D’un côté, ils interrogent la manière dont les questions d’éthique sont renouvelées par la pratique amateur des sciences notamment en biologie. De l’autre, ils cherchent à appréhender les potentielles transformations dans l’organisation de la production des connaissances, de leur évaluation et de leur circulation que pourrait entraîner l’intégration, par les politiques scientifiques, d’exigences de partage des résultats et des données.

Au-delà du domaine de la production scientifique à proprement parler, le CSI étudie la manière dont divers acteurs élaborent les connaissances sur lesquelles ils fondent leur action. Dans le sillage des travaux menés sur les associations de patients, de profanes ou d’amateurs, de nouvelles recherches portent sur des acteurs institutionnels comme la Banque Mondiale, amenée à réinventer son expertise, et les pouvoirs publics, soucieux de mettre en place des politiques « fondées sur les preuves ».

Projets

DoMeSCo – Données et Médiation scientifique : leçons du COVID-19

Résumé / Summary
L’épidémie mondiale de Covid-19 a eu des répercussions considérables sur la place et le rôle des données dans la démocratie scientifique et technique. Essentielles à la communication gouvernementale d’urgence qui s’est inventée dans la plupart des pays du monde, elles se sont aussi trouvées au centre d’initiatives de médiation scientifique qui se sont réinventées en quelques semaines dans un contexte d’incertitude radicale qui a vu les sources mais aussi les formats de données se multiplier et se transformer à un rythme effréné. Dans ce paysage, de nouvelles initiatives ont aussi émergé, qui se sont focalisées sur la visualisation de données, mais ont aussi participé à la production de jeux de données inédits. En France, cette médiation scientifique spécialisée dans les données a connu un succès rapide et très important, jusqu’à devenir aux yeux des pouvoirs publics un tiers de confiance dans un contexte de grande défiance envers les institutions politiques et scientifiques. Fortes de leur visibilité, les personnes à l’origine de ces initiatives ont par ailleurs joué un rôle moteur dans la demande d’ouverture de nombreux jeux de données, et ont initié des modalités de collaboration inédites avec l’administration publique. Le présent projet porte sur cette dynamique française. Il a pour objectif de structurer et de diffuser les enseignements qui peuvent être tirés de cette période afin d’outiller les actions de médiation futures, de guider les modalités de production et d’ouverture des données au sein de l’administration publique et de faciliter les collaborations entre les deux. Pensé autour d’un partenariat entre le Centre de sociologie de l’innovation (Mines ParisTech, i3 – UMR 9217) et la société coopérative Datactivist, il a le soutien officiel du Café des sciences et de la Direction Interministérielle de la Transformation Publique.

Data and Scientific Mediation: Lessons from COVID-19]

The worldwide epidemic of COVID-19 has had considerable impact on the place and role of data in scientific and technical democracy. Essential to the governmental emergency communication that was invented in most countries of the world, data also found itself at the center of scientific mediation initiatives which were reinvented in a few weeks in a context of radical uncertainty which saw the sources but also the formats of data multiply and transform at a frantic pace. In this landscape, new initiatives have also emerged, which have focused on data visualization, but have also directly participated in the production of new data sets. In France, this scientific mediation specialized in data has been very successful and has become a trusted third party in the eyes of public authorities in a context of great mistrust of political and scientific institutions. Bolstered by their visibility, the people behind these initiatives have also played a driving role in the demand for the opening of many data sets, and have initiated new forms of collaboration with the public administration. This project focuses on the French experience. It aims to structure and disseminate the lessons that can be learned from this period in order to provide tools for future mediation efforts, to guide the production and opening of data within the public administration, and to facilitate collaborations between the two. Designed around a partnership between the Centre de sociologie de l’innovation (Mines ParisTech, i3 – UMR 9217) and the Datactivist cooperative society, it has the official support of the Café des sciences and the Direction Interministérielle de la Transformation Publique.

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Contact : Jérôme Denis

DEFERM – Mesures de décontamination visant à restaurer les installations et l’environnement après une libération naturelle ou volontaire de microorganismes pathogènes

Résumé / Summary
Le projet a pour objectif de travailler sur différents scénarios afin de traiter des procédures et processus concrets des premiers intervenants ayant une orientation politique réelle et fondés sur les menaces causées par des microorganismes pathogènes. Les scénarios sont basés sur une libération accidentelle, délibérée ou naturelle. Cette orientation nous donne la possibilité de faire appel aux compétences allemandes et françaises du côté des premiers intervenants et d’harmoniser les procédures entre ceux-ci. Nous aborderons l’un des défis en matière de capacités mentionnés fréquemment après les exercices, ainsi que dans des projets de l’UE tels que FIRE-IN (www.fire-in.eu). Les premiers intervenants sont au cœur de ce projet. L’accent sera mis principalement sur la phase de récupération, y compris les mesures de décontamination destinées à restaurer les installations et l’environnement, aspect important mais qui reste un goulot d’étranglement dans les opérations. Jusqu’à présent, aucune recommandation claire ni procédure opérationnelle standard n’a été élaborée pour de tels scénarios en Europe. Afin d’atteindre cet objectif, le projet aborde deux questions interdépendantes: l’amélioration des processus opérationnels et le développement (ultérieur) de méthodes techniques ou de dispositifs de détection et de décontamination. Les processus opérationnels eux-mêmes seront explorés dans deux directions. D’une part, sur la base des deux scénarios, leur intégration dans les structures institutionnelles et légales d’intervention en cas d’urgence biologique sera examinée dans le cadre d’une comparaison franco-allemande (référence aux responsabilités, chaînes d’alarmes internes, alerte de population, canaux de communication, déploiement et organisation etc.). D’autre part, la culture de sécurité des premiers intervenants qui sont en charge fera l’objet d’une enquête. En se référant aux développements technologiques de la détection automatisée, les cartouches mirocfluidiques basées sur l’analyse des acides nucléiques permettront une identification et une quantification rapides, sensibles et spécifiques des agents pathogènes. Cela permet de développer et d’évaluer l’ensemble des procédures et processus techniques axés sur la partie tactique opérationnelle et l’approche dans une dimension sociétale. Pour que le niveau tactique opérationnel puisse préparer le terrain à une plus grande échelle de test pour un exercice commun franco-allemand d’apprentissage des procédures, des investigations de base seront effectuées dans des espaces de travail de petite à grande taille. Les travaux seront axés sur les procédures pertinentes pour les scénarios CBRNE «accident technique lors du transport d’agents pathogènes» et «libération accidentelle d’agents pathogènes à partir d’une installation de production». L’objectif est d’identifier les paramètres pertinents pour le développement des données de processus opérationnels. Cela aidera à élaborer une carte de paramètres pour les processus de décontamination, afin de répondre adéquatement aux menaces biologiques. De plus, les procédures relatives aux exigences spéciales en matière de décontamination, telles que la récupération de différents matériaux dans les salles sensibles, ainsi que la décontamination des véhicules (nous utilisons ici du matériel existant) seront développées et évaluées dans un environnement de test. Enfin, une extension dans une grande pièce sera étudiée, et des procédures seront également développées et évaluées dans un environnement de test afin de développer des recommandations à appliquer dans des scénarios possibles posant des menaces biologiques.

DEFERM – Decontamination measures to restore facilities and the environment after a natural or deliberate re-lease of pathogenic microorganisms

The aim of the project is to work along different case scenarios in order to address concrete procedures and processes of first responders with actual political focus based on threats caused bypathogenic microorganisms. The scenarios include accidental, deliberate or natural release. This focus grants us the possibility to draw on German and French expertise on first responder side and harmonize procedures between the first responders. We will address one of the capability challenges mentioned frequently after exercises and also in EU projects such as FIRE-IN (www.fire-in.eu). First responders are in the spotlight of this project. Main focus will be on the recovery pHSe including decontamination measures to restore facilities and the environment, an aspect that is important but still a bottle neck in operations. So far, no clear recommendations or standard operational procedures have been developed for such scenarios in Europe. In order to fit that goal, the project addresses two interconnected issues: the improvement of operational processes and the (further) development of technical methods or devices for detection and decontamination. The operational processes themselves will be explored in two directions. On the one hand, based on the two scenarios, their embedding in institutional and legal structures of biological emergency response will be examined in a Franco-German comparison (referring to responsibilities, internal alarm chains, population warning, reporting channels, deployment of the operational organization etc.). At the other hand the safety culture of the responsible first responders will be investigated. Referring to the technological developments in automated detection, microfluidic cartridges based on nucleic acid analysis will allow for rapid, sensitive and specific identification and quantification of the pathogens. This enables the development and evaluation of whole procedures and technical processes focused on the operational tactical part and the approach in a societal dimension. For the operational tactical level to pave the ground for a larger test scale on a joint French-German exercise, learning about procedures, basic investigations will be performed in small up to large work space. The work will be focused on the relevant procedures for the biological security relevant scenarios “technical accident during transportation of pathogens” and “accidental release of pathogens from a production facility in the environment. The aim is to identify relevant parameters for the development of operational process data. This will help to elaborate a parameter map for decontamination processes, in order to respond adequately to biological threats. Additionally, procedures for special decontamination requirements, like different materials in sensitive rooms to be recovered, as well as vehicle decontamination (here we use existing equipment) will be developed and evaluated in a test environment. Finally, a scale-up to a large room will be investigated, and procedures will also be developed and evaluated in a test environment in order to develop recommendations to be applied in possible scenarios posing biological threats.

Contact : Morgan Meyer

DIAMAS – Developing Institutional open Access publishing Models to Advance Scholarly communication

Résumé / Summary
In the transition towards Open Access (OA), institutional publishing is challenged by fragmentation and varying service quality, visibility,and sustainability. To address this issue, DIAMAS gathers 23 organisations from 12 European countries, well-versed in OA academic publishing and scholarly communication. The project will:
1. Map the current landscape of Institutional Publishing Service Providers (IPSPs) in 25 countries of the ERA with special attention for IPSPs that do not charge fees for publishing or reading. This will yield a taxonomy of IPSPs and an IPSP landscape report, a basis for the rest of the project.
2. Coordinate and improve the efficiency and quality of IPSPs by developing a European Quality Standard for Institutional Publishing (EQSIP). This quality seal will professionalize, strengthen and reduce the fragmentation of institutional publishing in Europe. EQSIP will serve as a benchmark for a gap analysis of the data. Buy-in and capacity-building is ensured by co-creation with the relevant IPSP communities of practice, creating a Common Access Point for IPSPs, an IPSP registry with 80% of IPSPs in the ERA, publishing guidelines, training materials, self-assessment tools, financial models, and shared cost frameworks. DIAMAS embraces diversity, equity, and inclusion by addressing gender equity in OA publishing OA publishing and multilingualism in 15 European languages. Special attention is paid to building and enabling the financial sustainability of IPSPs.
3. Formulate community-led, actionable recommendations and strategies for institutional leaders, funders/sponsors/donors, and policymakers in the European Research Area (ERA). Workshops and targeted networking actions will reach and engage institutional decision-makers.
DIAMAS will deliver an aligned, high-quality, and sustainable institutional OA scholarly publication ecosystem for the ERA, setting a new standard for OA publishing, shared and co-designed with all stakeholders.

Site web / Website

Contact: David Pontille

Innovation au CNRS

Résumé / Summary
En cours de rédaction / In progress

Contact :

ESPADON – Espace d’actionnabilité de Données en Oncologie / Data landscapes and actionability in precision oncology

Résumé / Summary
L’oncologie est récemment passée d’une approche basée sur les organes à une oncologie de précision centrée sur les altérations moléculaires, devenant ainsi un domaine ‘data-centric’ qui génère plus d’information que chaque médecin n’est capable individuellement d’interpréter. Ce projet a pour objectif de fournir une compréhension analytique de la dynamique de cette nouvelle oncologie en l’abordant par le prisme des activités cliniques concrètes. Nous nous demanderons :
• Comment les cliniciens, les biologistes moléculaires, les pathologistes, les bioinformaticiens et les patients engagés contribuent-ils à façonner l’écosystème informationnel qui produit l’actionabilité des données (interprétation et intervention clinique) ?
• Comment les nouveaux types de preuves sont-ils articulés aux systèmes cliniques traditionnels et comment redéfinissent-ils le jugement et l’expertise cliniques?
• Comment ces processus reconfigurent-ils les relations entre recherche et soins et transforment-ils les activités cliniques expérimentales et de routine?
En combinant approches qualitatives et computationnelles innovantes, nous étudierons les principaux dispositifs impliqués dans la gestion et l’interprétation des données génomiques : institutions impliquées localement dans l’interprétation des données (RCP moléculaires), initiatives nationales d’harmonisation et de normalisation des données (FMG 2025) et initiatives internationales comme le Projet GENIE ou Cancer Core Europe. Étant donné le rôle de pionnier de l’oncologie en ce domaine, notre projet concerne la communauté biomédicale au sens large et éclairera le débat sur les implications sociales et organisationnelles des «big data», contribuant ainsi à l’élaboration des politiques. Il permettra d’appréhender, dans un contexte de recherche collaborative, l’émergence de nouvelles formes d’expertise collective caractérisées par des interactions complexes entre disciplines, spécialités et entre experts et profanes.

Data landscapes and actionability in precision oncology

In recent years, oncology transitioned from its traditional, organ-based approach to ‘precision oncology’ centred on molecular alterations, thus becoming a ‘data-centric’ domain that generates more information than can be readily interpreted by individual practitioners. The purpose of the present project is to provide an analytical understanding of the complex dynamics of data-centric oncology by investigating it from the privileged viewpoint of actionable clinical activities. We will explore the following questions:
• How do clinicians, molecular biologists, pathologists, bioinformatics specialists, and patient activists collectively contribute to the shaping of the data resources ecosystem that acts as a condition of possibility for actionable interventions?
• How are new kinds of evidence interfaced with traditional clinical systems and how does they redefine clinical judgment and clinical expertise?
• How do these processes reconfigure the relations between research and care and transform experimental and routine clinical activities?
Using a combination of qualitative sociological methodologies with innovative computational methods, we will investigate key settings involved in the management of genomic data, including local data interpretation institutions such as clinical trial and routine molecular tumour boards, national data harmonization and standardization initiatives (e.g. FMG 2025), and international initiatives (e.g. Project GENIE, data taskforce of Cancer Core Europe). Given oncology’s pioneering role as a data-centric domain, our project has relevance for the broader biomedical community and will inform the debate on the social and organizational implications of ‘big data’, thus contributing to policy making. It will produce insights on the emergence of new forms of collective expertise characterizing complex trans-disciplinary and lay-expert interactions in collaborative research settings.

Contact: Madeleine Akrich

FiTeGe – Fichiers et Témoins Génétiques

Résumé / Summary
Dans un contexte de technicisation croissante de la médecine légale, l’irruption des analyses génétiques a considérablement transformé les pratiques en matière d’enquêtes judiciaires et policières. Plus généralement, on assiste au développement de nouveaux outils professionnels qui se transforment, suscitent de nouvelles controverses morales et politiques, et circulent entre différents espaces professionnels (scientifiques, juridiques, politiques, industriels, etc.), nationaux et internationaux.
A travers ce projet, nous souhaitons analyser dans une perspective de sciences sociales ces innovations techniques et juridiques sous leur aspect à la fois scientifique, politique et moral, en France. Au croisement de la sociologie, de l’anthropologie, du droit et de la médecine légale, notre étude ne séparera pas l’analyse de ces enjeux de celle du contenu et des formes concrètes de ces innovations. Plus précisément, notre projet vise à tracer leur généalogie et à analyser les pratiques qu’elles façonnent (et qui les façonnent), ainsi que les controverses qu’elles suscitent. Constituant notre fil rouge, la question du régime de preuves y sera centrale et se déploiera sous différentes facettes : quels sont les savoirs qui ont présidé à l’élaboration de ces innovations ? Quelle est leur nature supposée et quel rôle jouent-elles dans la définition des catégories d’identification (suspect, suspect potentiel, personne de telle « origine », etc.) ? Comment influent-elles sur la manière dont les individus et les populations sont gouvernés ? Comment sont-elles amenées à circuler au sein de l’Union européenne ?
Mobilisant quatre centres de recherche aux compétences complémentaires, ce projet se composera, outre d’une tâche dévolue à la coordination et à la valorisation du projet, de trois tâches scientifiques : la première sera consacrée à la généalogie des empreintes génétiques en France ; la deuxième analysera les nouveaux savoirs en matière de génétique et médecine légale, ainsi que leurs effets sociaux ; la troisième sera consacrée aux pratiques et aux enjeux de la circulation des données génétiques entre la France et les autres pays européens. Des partenaires sociologues, anthropologues, juristes, et plus ponctuellement médecin légiste, seront associés au sein de chaque tâche. Au plan méthodologique, nous effectuerons une série de campagnes d’entretiens avec des magistrats, avocats, policiers, responsables politiques, généticiens, associations de victimes, opposants au fichage, etc., ainsi que des observations de procès où l’expertise génétique est mobilisée. Nous constituerons et analyserons également différents corpus composés de documents issus de la presse grand public, d’articles scientifiques de médecine légale, de textes juridiques et réglementaires, et de comptes rendus de débats de commissions parlementaires.

Genetic Databases and Witnesses: Genealogy, Social issues, Circulation

While the vast majority of social science studies in the field of genetics relate to biomedicine, our project offers a different approach as it concerns the police and legal sphere. In a context of the increasing technicisation of police investigations, the emergence of genetic analyses has substantially changed practices. More generally, new professional tools are being developed, which evolve, give rise to new moral and political controversies, and circulate between different national and international professional spaces (scientific, legal, political, industrial, etc.). Our project lies at the intersection of sociology, anthropology and law, but also, more peripherally, forensics, and will not analyse these stakes separately from the content and concrete forms of these innovations. More specifically, it aims to trace the genealogy of these innovations and analyse the practices they shape (and that shape them) as well as the controversies to which they give rise. While the question of the regime of evidence is central and will provide our common theme, it will also be examined from a variety of angles: what types of knowledge led to the development of these innovations? What is their supposed nature and what role do they play in defining categories of identification (suspect, potential suspect, person of a certain “origin”, etc.)? How do they influence how individuals and populations are governed? How do they come to circulate within the European Union?
The project calls upon four research centres with complementary areas of expertise and is composed of three scientific tasks, in addition to a task devoted to coordination and technology transfer. The first scientific task will look at the genealogy of DNA fingerprinting in France; the second will analyse new forms of knowledge in genetics and forensics, and the related social effects; the third will focus on the practices and stakes of the circulation of genetic data between France and the other European countries. Sociologists, anthropologists, legal specialists, and, more occasionally, a forensic scientist, will work collaboratively within each task. On a methodological level, we will conduct a series of interviews with judges, police officers, political officials, geneticists, victim support organisations, opponents to the database, etc. as well as observations of trials calling upon genetics expertise. We will collect and analyse several corpora composed of documents from the mainstream press, scientific articles in forensics, legal and regulatory texts, and records of parliamentary commission debates.
All in all, our project will develop: 1. An innovative nature: this field of research in the social sciences has never been studied in France. 2. An interdisciplinary approach: it lies at the intersection between sociology and anthropology, law and forensics. 3. International visibility: publications will be written for international journals and an international conference will be organised. 4. Technology transfer: our results will be disseminated among relevant actors (judges, lawyers, geneticists, etc.) through a Workshop, a training seminar aimed at judges and a lecture for the general public. Legal recommendations will be drawn up for public authorities. 5. Inclusion in teaching: participants who run seminars in the field of innovations and genetics, law and forensics will include their research in their teaching.

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Contact : Vololona Rabeharisoa

TRT-CSVD – From Target Identification to Next Generation Therapies for Cerebral Small Vessel Diseases

Résumé / Summary
Les maladies des petits vaisseaux du cerveau (SVD) sont extrêmement fréquentes, elles sont responsables de 30% des AVC et contribuent largement au déclin cognitif et au handicap survenant au cours du vieillissement dans la population générale. En dehors de la prise en charge des facteurs de risque vasculaire comme l’hypertension artérielle, il n’existe aucun traitement spécifique de ces affections. L’identification de gènes impliqués dans des formes familiales de SVD, qui partagent de nombreuses similitudes avec les formes les plus communes, constitue une avancée majeure dans ce domaine. Elle permet, non seulement la mise au point de tests diagnostiques, mais aussi d’identifier des cibles pour développer des traitements, qui peuvent être testés dans des modèles animaux puis dans des groupes homogènes de patients. Le projet « TRT_cSVD », porté par le DHU NeuroVasc, a pour ambition de développer des thérapies innovantes, en utilisant les formes génétiques de ces maladies, et plus particulièrement CADASIL, la plus fréquente d’entre elle, comme paradigme. Les quatre objectifs spécifiques du projet RHU TRT_cSVD sont : 1. d’identifier de nouveaux gènes de SVD et de valider de nouvelles cibles thérapeutiques ; 2. de développer des biomarqueurs innovants des altérations de la micro-circulation et du tissu cérébral et de nouveaux outils cliniques pour les essais thérapeutiques ; 3. de développer des approches originales pour évaluer et rééduquer les troubles cognitifs et de l’équilibre des patients ; 4. de valider nos résultats par des essais cliniques précoces et faciliter leur transfert dans la vie réelle. Ce projet ambitieux réunit au sein d’un consortium transdisciplinaire : 6 Équipes de recherche expérimentale, 15 Équipes de recherche clinique, en imagerie et médico-économique, 1 Équipe de sociologues, 3 Industriels.

Cerebral small vessel diseases of the brain (SVDs) are involved in one-third of ischemic strokes and contribute significantly to cognitive decline and disability occurring with aging in the general population. Despite the profound impact of SVDs on human health, no specific treatments are currently available, outside the management of vascular risk factors. Among the important advances in the field of SVDs has been the identification of genes involved in Mendelian forms of adult-onset SVD, which share a number of clinical and pathological features with common forms of SVDs. The identification of these genes allows, not only the development of diagnostic tests, but offers an unprecedented opportunity to develop disease-modifying drugs, and conduct clinical trials in very homogeneous groups of patients. The ultimate goal of TRT_cSVD is to develop effective therapies for SVDs. Our overarching concept is that genetic SVDs – especially CADASIL, the most frequent such condition – provide a unique opportunity to develop new therapeutic solutions. Our specific objectives are: 1. to identify new genes in SVDs and validate druggable targets; 2. to identify innovative biomarkers and clinical tools for therapeutic evaluation in patients; 3. to develop innovative evaluation and rehabilitation approaches targeting early deficits and disability, and 4. to validate our findings in early-stage clinical studies and facilitate their translation to the real world. TRT_cSVD gathers in a transdisciplinary consortium 25 partners: 6 experimental research labs; 14 clinical and imaging research teams; 1 sociologists team; 3 industry partners.

Contact : Madeleine Akrich

HyTrend – Hydrogène et transition énergétique décarbonnée

Résumé / Summary
Le projet HyTrEnD associe les compétences du groupe H2MINES pour exploiter leurs synergies dans le cadre d’une application ciblée : la production de chaleur à partir de gaz renouvelables. Quelques étapes clefs du procédé sont à l’étude : production d’H2/syngas, récupération du CO2, méthanation, détection et stockage des gaz, interactions entre réseaux d’électricité, de gaz et de chaleur, analyse des risques et impacts environnementaux, territoriaux et sociaux.
Financé pour 3 ans par l’abondement Carnot, le projet regroupe 13 centres / laboratoires (CES, CTP, Géosciences, CSI, PERSEE et autres labos des écoles Mines…) de 5 écoles du Carnot, Mines Paris, IMT Mines Albi-Carmaux, IMT Atlantique, IMT Mines Alès, Mines Saint-Etienne.

HyTrEnD – Hydrogen and low-carbon energy transition

The HyTrEnD project combines the skills of the H2MINES group to draw on their synergies in the context of a targeted application: the production of heat from renewable gases. Some key stages of the process are being studied: H2/syngas production, CO2 recovery, methanation, gas detection and storage, interactions between electricity, gas and heat networks, analysis of environmental, territorial and social risks and impacts. Financed for 3 years by the Carnot funding, the project gathers 13 centres/laboratories (CES, CTP, Geosciences, CSI, PERSEE and other labs of the Mines schools…) of 5 Carnot schools, Mines Paris, IMT Mines Albi-Carmaux, IMT Atlantique, IMT Mines Alès, Mines Saint-Etienne.

Contact: Alexandre Mallard

MATILDA – Construire un outil bibliographique/métrique pour la science ouverte

Résumé / Summary
Notre projet d’élaboration d’un outil bibliographique/métrique pour la science ouverte vise à changer la situation des données de références/citations en tant que parent pauvre de la science ouverte, avec deux objectifs principaux. Premièrement, même si nous nous inscrivons dans le mouvement émergent en faveur des  » citations ouvertes » , nous ne voulons pas simplement débloquer les informations fermées existantes, mais redonner une place équitable aux contenus académiques exclus des outils propriétaires actuellement utilisées, WoS et Scopus, en adoptant un principe d’égal traitement de l’ensemble des textes scientifiques et de leur métadonnées. En effet, la littérature a montré que les principes de rareté au cœur de la bibliométrie et les biais disciplinaires et linguistiques des producteurs de base ont conduit à une invisibilisation massive d’une partie de la littérature scientifique, les bases commerciales actuelles créant une « bulle de filtre ». Deuxièmement, nous voulons donner aux milieux académiques et aux chercheurs le plus grand contrôle possible sur la façon dont ils recherchent les informations textuelles et les métadonnées, car nous considérons que la conception fermée des outils actuels encapsule une vision objectivante des processus de recherche plutôt que de s’appuyer sur des technologies co-construites par leurs utilisateurs. Alors qu’extrêmement peu de travaux ont été publiés sur les usages des outils bibliométriques, nous faisons l’hypothèse que les besoins des utilisateurs sont variés, mais qu’en sus il faut prendre en compte le caractère de bien singulier des textes scientifiques, en favorisant les formes de priorisation et de recommandations d’articles par les utilisateurs.
Pour ce faire, après le développement d’un proof of concept en cours, avec le soutien du CNRS par un CDD, nous bâtirons une première version fonctionnelle de l’architecture informatique de Matilda sur la base de corpus présélectionnés (ArXiv, PubMed, CrossRef, RePEc), enrichirons et exposerons l’ensemble des données légalement partageables. A partir de cette interface publique, nous recruterons des chercheuses et chercheurs utilisateurs afin d’obtenir le plus d’informations possible sur les usages concrets de ce type d’outil et d’expérimenter de nouvelles fonctionnalités et services (modalités de citation tracking, alertes, recommandations, …). Ces utilisateurs se verront ouvrir un compte dédié à leur nom, et une procédure CNIL, similaire à celle développée pour le moteur ISIDORE, permettra d’obtenir leur accord pour les recueils d’information à partir de différents outils (traces d’usages, questionnaires d’usage et entretiens approfondis). En articulant les compétences uniques d’une équipe Huma-Num pour la conception d’outils de recherche à l’expertise d’une équipe du Centre de sociologie de l’innovation en matière d’étude des sciences et du rôle des utilisateurs dans les dispositifs technologiques, Matilda vise à redéfinir ce qu’est un outil bibliographique/métrique en profitant pleinement de l’ouverture actuelle et future des métadonnées. Ce projet se situe donc au cœur de l’appel d’offres « Données ouvertes » de l’ANR en prenant en compte les dispositions des politiques publiques en matières de citations ouvertes (plan national science ouvert, plan S). En développant un outil pour les communs, à partir des métadonnées des textes scientifiques, et en particulier leurs données de références/citations, nous voulons rendre ces citations ouvertes utiles à l’ensemble des communautés scientifique, notamment en rendant pleinement disponible le citation tracking comme méthode de circulation intertextuelle.

Ce projet financé par l’ANR regroupe 2 partenaires : le Centre de sociologie de l’innovation (I3, UMR9217), l’Humanum (UMS 3598).

MATILDA – Building a bibliographic/metric tool for open science

Our project to develop a bibliographic/metric tool for open science aims at changing the situation of reference/citation data as the poor cousin of open science, having two main objectives. First, although we are part of the emerging « open citations » movement, we do not merely want to unlock existing closed information, we want to give a fair place to academic content excluded from the proprietary tools currently used, WoS and Scopus, by adopting a principle of equal treatment of all scientific texts and their metadata. The literature has indeed shown that the scarcity principles at the heart of bibliometrics and the disciplinary and linguistic biases of the core producers have led to a massive invisibilisation of part of the scientific literature, with the current commercial databases creating a « filter bubble ». Secondly, we want to provide academics and researchers with as much control as possible over the way they search for textual information and metadata, as we consider that the closed design of current tools encapsulates an objectifying view of research processes rather than relying on technologies co-constructed by their users. While very little research has been published on the uses of bibliometric tools, we not only assume that user needs are varied, in addition we assume that the singular nature of scientific texts needs to be taken into account by promoting forms of prioritization and recommendations of articles by users.
To do so, after the development of a proof of concept currently in progress, with the support of the CNRS through a short-term contract, we will build a first functional version of the computer architecture of Matilda on the basis of pre-selected corpora (ArXiv, PubMed, CrossRef, RePEc), and enrich and expose all the data that can be legally shared. Based on this public interface, we will recruit user researchers in order to obtain as much information as possible on the concrete uses of this type of tool and to experiment with new functionalities and services (citation tracking methods, alerts, recommendations, etc.). These users will be given a dedicated account in their name, and a CNIL procedure, similar to the one developed for the ISIDORE engine, will allow us to obtain their agreement for the collection of information from different tools (usage traces, usage questionnaires and in-depth interviews). Through the combination of the unique skills of a Huma-Num team for the design of research tools and the expertise of a team from the Centre for the Sociology of Innovation in the study of science and the role of users in technological devices, Matilda aims to redefine what a bibliographic/metric tool is by taking full advantage of the current and future openness of metadata. This project is thus at the heart of the ANR’s « Open Data » call for projects, taking into account the provisions of public policies on open citations (national open science plan, Plan S). By developing a tool for the commons, based on the metadata of scientific texts, and in particular their reference/citation data, we aim to make these open citations useful to all scientific communities, in particular by making citation tracking fully available as a method of intertextual circulation.

This ANR-funded project gathers 2 partners: the Centre for the Sociology of Innovation (I3, UMR9217), the Humanum (UMS 3598).

Contact : Didier Torny

Séminaires

Expertises économiques et actions environnementales

Ce séminaire, organisé par le Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS, IFRIS) et le Centre de sociologie de l’innovation (Mines Paris–PSL, i3), porte sur l’étude de la fabrique ou de la mobilisation de savoirs économiques dans leur manière d’informer ou de prescrire des formes d’intervention en matière d’action environnementale. Équipe organisatrice : Nassima Abdelghafour, Béatrice Cointe, Kewan Mertens et Alexandre Violle. En savoir plus »

Politiques environnementales du numérique

Ce séminaire est organisé par Clément Marquet (CSI, Mines Paris / PSL, i3) et Sophie Quinton (Inria, GDS EcoInfo), dans le cadre du groupe de travail Politiques environnementales du numérique du GDR Internet, IA et Société. Depuis quelques années, les conséquences environnementales des technologies numériques font l’objet d’une attention croissante remettant en cause la promesse d’une convergence entre transition écologique et transition numérique. En savoir plus »

Thèses 

Thèses en cours

Guillaume Louvet, Politiques de l’évaluation coût bénéfice

Thèses soutenues

Mathieu Rajaoba, 2022, Politiques des données agricoles. Plateformes et projets d’innovation dans l’émergence de l’agriculture numérique en France

Sophie Tabouret, 2021, Les cépages résistants, du labo à la vigne. Quand l’expérimentation met à l’épreuve les pratiques vitivinicoles, les variétés de vigne et les propriétés du vin

Félix Boilève, 2020, Une « Banque du savoir » ? Enquête sur la nature et la politique de l’expertise de la Banque mondiale

Quentin Dufour, 2019, L’objectivation comptable de l’économie nationale : Enquête sur la fabrique du PIB et des comptes nationaux français

Post-doc

Marine Boisson, DoMeSCo

Publications

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Béatrice Cointe, Hélène Guillemot, 2023, A History of the 1.5°C target. WIREs Climate Change.

Vololona Rabeharisoa, Florence Paterson, 2022, Matérialité et juridicité. À propos du Fichier national automatisé des empreintes génétiques, Droit et Société, (110), 21-36.

Morgan Meyer, 2021, Experimenting and documenting low tech, Technology Analysis and Strategic Management, 33 (10), 1147-1158.

Morgan Meyer, Frédéric Vergnaud, 2020, The rise of biohacking: Tracing the emergence and evolution of DIY biology through online discussions, Technological Forecasting and Social Change, (160).

David Pontille, Didier Torny, 2017, Beyond Fact Checking: Reconsidering the Status of Truth of Published Articles, EASST Review, 36 (1), 14-16.

Vololona Rabeharisoa, 2017, La multiplicité des connaissances et le tremblement des institutions, Revue d’Anthropologie des Connaissances, 11 (2), 141-147.

Vololona Rabeharisoa, Tiago Moreira, Madeleine Akrich, 2014, Evidence-based activism: Patients’, users’ and activists’ groups in knowledge society, BioSocieties, 9, 111–128.