Les travaux de Marie Alauzen entrecroisent la sociologie de l’État et du droit, les STS et l’anthropologie de l’écriture.
Elle a soutenu en 2019 une thèse, sous la direction de Fabian Muniesa, intitulée « Plis et replis de l’État plateforme. Enquête sur la modernisation des services publics en France ». Le manuscrit porte sur les transformations de l’interface entre l’État et la société politique, telles que saisies dans les projets de modernisation de l’État. Son étude de la modernisation « en train de se faire », dans les tâtonnements des chefs de projets de l’administration de mission dépositaire du mandat de réforme, rend compte de plusieurs phénomènes. Elle décrit une sociologie du travail modernisateur faite de mini leaders, organisés autour d’une profusion de projets, dans une ambiance de camp d’entraînement qui laisse place à de nombreux échecs (ou replis) des projets lancés. Elle caractérise ainsi un quotidien de la réforme qui s’opère sans plan d’ensemble ni grande ligne idéologique, mais se réalise dans une faculté à décider et dans la stabilisation de techniques et savoirs de gouvernement issus du design, de l’informatique, des sciences comportementales ou encore des sciences sociales. La thèse montre que l’État modernisé et les citoyens-usagers en recomposition par les technologies de modernisation sont façonnés par une relation homme-machine soucieuse de la qualité ergonomique et de la lisibilité des interfaces, par un certain goût pour l’expérimentation ou encore par un souci de ce qui s’appelle désormais la souveraineté numérique.
En parallèle puis à la suite de son doctorat, elle a participé à trois projets de recherche :
– entre 2017 et 2018 : le programme européen « Quantification, Administrative Capacity and Democracy » sur la comparaison du glissement du gouvernement par la loi vers un gouvernement par les nombres, où elle a enquêté sur les transformations comptables de l’hôpital ;
– entre 2019 et 2020 : elle a participé aux travaux de la Chaire identité numérique responsable de Télécom Paris, pour laquelle elle a mené une étude de la controverse sur l’application d’identification des personnes du ministère de l’Intérieur, Alicem ;
– entre 2020 et 2021 : elle a conçu un projet de recherche pour l’Ambassadeur pour le numérique du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur la manière dont l’État français lutte contre les manipulations de l’information.
Ses recherches actuelles, menées au LISIS en partenariat avec l’INRIA, portent sur l’altération informatique du droit.
Au CSI, avec Jérôme Denis, David Pontille et Didier Torny, Marie Alauzen contribue, depuis 2017, au projet de recherche en anthropologie de l’écriture, Scriptopolis. Elle collabore également avec plusieurs chercheurs du Centre, dont Alexandre Mallard, Fabian Muniesa et Alexandre Violle, à l’étude sociologique de l’État.