Modèles et biodiversité. Klaudia Prodani et Mathilde Salin


Le séminaire « Expertises économiques et actions environnementales » accueille


Klaudia Prodani

Department of Science, Technology and Policy Studies, Université de Twente, Pays-Bas

et Mathilde Salin

CIRED, AgroParisTech, Université Paris-Saclay, France


Modèles et biodiversité


Ces dernières années, les tentatives de prendre en compte la biodiversité dans le calcul économique et financier se multiplient. Nous explorerons les enjeux, défis et limites de cette traduction économique et financière de la biodiversité en combinant approches pratique et critique des modèles.


Le rôle des modèles dans la formulation de la perte de biodiversité comme risque financier

Klaudia Prodani (Université de Twente, Department of Science, Technology and Policy Studies, Knowledge, Transformation & Society – KiTeS)

Dans cette présentation, je soumettrai mes premières réflexions sur les manières dont les assemblages de modèles économiques, financier et relatifs à la biodiversité contribuent à informer et brider la conversion qu’effectuent des Banques Centrales qualifiées de « progressistes » entre perte de biodiversité et risque financier systémique. Comment et pourquoi ces modèles peuvent-ils être considérés comme performatifs ? Ce point sera discuté en examinant quelques-unes des tentatives les plus marquantes de projection des pertes financières imputables à des risques physiques et de transition qui ont trait à la biodiversité.


Regard sur des modèles d’évaluation intégrée utilisés dans l’élaboration de scénarios nature-économie à l’échelle mondiale

Mathilde Salin (CIRED, AgroParisTech, Université Paris-Saclay)

Cette présentation examinera des modèles mondiaux d’évaluation intégrée (IAMs, integrated assessment models) reliant la « nature » (y compris la « biodiversité », le « capital naturel » ou les « services écosystémiques ») et la macroéconomie, et évaluera leur capacité à contribuer à l’élaboration de scénarios visant à explorer les conséquences économiques de la perte de nature et des politiques de transition. Sur la base d’une analyse approfondie de deux types d’IAM (« stylisés » et « appliqués »), je propose d’évaluer dans une perspective critique la façon dont ces modèles représentent les dépendances de l’économie à l’égard de la nature, ainsi que les politiques visant à remédier aux pertes de nature. Je montrerai que les IAM « appliqués » tendent à mettre en avant la dépendance de l’économie aux  services écosystémiques d’approvisionnement, en représentant moins les services de régulation et de maintenance de l’environnement. Dans la mesure où ces modèles tendent à se concentrer sur les facteurs de perte de biodiversité liés à l’utilisation des terres et au climat, les politiques de transition qu’ils intègrent visent uniquement à atténuer ces facteurs et négligent d’autres facteurs de perte de nature, tels que la pollution ou les espèces exotiques envahissantes. Je montrerai également que certaines hypothèses théoriques dans la partie macroéconomique qui est au cœur des modèles « appliqués » ont tendance à atténuer les conséquences macroéconomiques potentielles des pertes de nature et des politiques de transition de la nature. Les résultats des modèles « stylisés », en revanche, tendent à considérer que la perte de capital naturel et de biodiversité a un impact macroéconomique significatif. Contrairement aux modèles appliqués, les modèles stylisés rendent plus difficile la représentation de l’impact de la perte de services écosystémiques spécifiques ou de politiques spécifiques de protection de la nature. C’est sur la base de cette analyse que la présentation explorera les défis et les pistes futures d’utilisation des IAM pour développer des scénarios qui tiennent compte de l’importance de la nature et de la biodiversité pour l’activité économique humaine.



Klaudia Prodani est doctorante au département Science, Technology and Policy Studies de l’Université de Twente. Ses recherches portent sur la performance des modèles de la biodiversité dans la finance durable.

Mathilde Salin est doctorante en sciences économiques au CIRED (Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement), AgroParisTech, Université Paris-Saclay. Spécialisée en économie de l’environnement et en modélisation prospective, ses recherches portent sur les conséquences macro-financières des transformations économiques liées à la protection de la biodiversité, et en particulier aux leviers d’action des banques centrales pour atténuer les risques de transition.


Infos et inscription

Date : Vendredi 29 mars 2024, 11h-13h

Lieu : Mines Paris-PSL, 60 boulevard Saint Michel, 75006 Paris. Salle (à confirmer).

Le séminaire se tiendra en anglais.

Une transmission par visioconférence / zoom est également prévue. Le lien sera transmis sur inscription juste avant le séminaire.

Le séminaire est ouvert à tous. Pour participer au séminaire, merci de vous inscrire ici.


Contact : Béatrice Cointe, Kewan Mertens ou Alexandre Violle


En savoir plus sur les attendus et le programme du séminaire


Photo sources: Klaudia Prodani, IPBES. Mathilde Salin, CIRED.