« Faire ‘avec’ pour réparer le monde ? Les enjeux des cultures de la réparation »

Lundi 5 juin 2023

L’atelier se tiendra au Maltais Rouge, 40 rue de Malte, Paris 11e.

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Faire ‘avec’ pour réparer le monde ? Les enjeux des cultures de la réparation

Coordinatrice et coordinateurs de cette journée d’étude de l’atelier “Habiter la transition” :
Laurence Allard[1], Clément Marquet[2] et Jérôme Boissonade[3]


Face aux défis du nouveau régime climatique, à la destruction massive de la biodiversité et aux dégâts économiques, culturels et sociaux causés par la mondialisation néolibérale, la critique du modèle consumériste, co-constitutif de l’essor de la société industrielle, nous appelle à transformer profondément les modes de production et modalités d’usages des objets et tout particulièrement les pratiques de mise au rebut. La prise en considération du cycle de vie à l’échelle planétaire des objets de consommation suppose de redéfinir les modalités d’utilisation et de développement d’infrastructures permettant la maintenance et la réparation de toute chose. L’impératif de sobriété, omniprésent dans la situation de crise énergétique, entend capturer cet appel au ralentissement de la consommation et à l’allègement des pressions exercées sur l’extraction des ressources fossiles et minérales et l’amoindrissement de l’accumulation de tonnes de déchets. Dans ce contexte, un nombre croissant d’acteur.rice.s souligne le besoin pressant d’une inversion des valeurs : le durable contre le jetable, la réemploi plutôt que l’abandon, la réparation contre la destruction, la robustesse plutôt que l’obsolescence, la maintenance contre l’innovation, la redirection plutôt que la transition.

Pour cette séance de l’atelier “Habiter la transition”, nous proposons d’étudier les multiples facettes de cet élan vers la durabilité, en prenant soin d’analyser les tensions que cette inversion de valeur peut provoquer. Faire durer ou réparer ne sont pas des “hyperbiens” en soi. Après une période marquée par le “développement durable”, comment questionner à la fois les possibles mais aussi les limites de la maintenance et de la réparation portés par les politiques de transition écologique ? Tout en recevant une attention nouvelle, avec l’émergence de lieux valorisés socialement, les pratiques de réparation, tri des déchets et réemploi sont aussi des pratiques anciennes : que peut-on apprendre de ce qui se joue souvent dans les marges, et comment éviter que la lumière soudaine mise sur les tiers lieux, makerspace et autres repair cafés ne produise une exclusion au carré des acteurs sociaux les plus marginaux ? Comment donner une place légitime aux savoirs situés et gestes infra ordinaires aux côtés des expertises technicistes ? Par ailleurs, le problème de l’obsolescence ne peut pas être posé uniquement du côté des consommateurs, il est activement dépendant des concepteurs : comment l’urgence de la soutenabilité redéfinit-elle les pratiques de conception et de production ? Dans quelle mesure l’appropriation par la transformation permet-elle de réinterroger le rapport aux choses et de surmonter l’opposition entre valeur marchande et valeur d’usage ? In fine, dans quelle mesure le rapport aux autres et au temps caractéristique de la plupart des “cultures de la réparation” pourrait-il participer à des modes de faire et d’habiter dont l’horizon demeure la justice environnementale et sociale ?

Pour aborder ces questions, nous accueillerons des chercheur.se.s en sociologie des sciences et des techniques, en anthropologie et en sciences du design.


Matinée (9h30-12h) “Maintenir et concevoir”

Introduction de Clément Marquet

  • Jérôme Denis[4] & David Pontille[5] : « Qui prend soin des choses ? Quelques enseignements des luttes pour le « droit à la réparation »
  • Gauthier Roussilhe[6] : « Les designers numériques à l’épreuve de l’écoconception et de l’héritage des infrastructures »

Discussion

Après-midi (14h – 16h30) “Récupérer et réparer”

Introduction de Laurence Allard

  • Delphine Corteel[7] : « Faire avec les déchets : bricoler et réparer dans un monde abîmé »
  • Nicolas Nova[8] & Anaïs Bloch[9] : « Réparation, entretien, ré-emploi, modification, détournement : une typologie de la prolongation des choses »

Discussion et mots de conclusion



[1] Laurence Allard, Maîtresse de conférences, sociologue des usages numériques, IRCAV-Paris Sorbonne Nouvelle/Université de Lille-Département Culture
[2] Clément Marquet, Assistant de recherche, Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines Paris – PSL, i3 ; coordinateur du GT “Politiques environnementales du numérique” du GDR 2091 Internet IA et Société.
[3] Jérôme Boissonade, Maître de Conférences HDR à l’Université du Littoral (ULCO), codirecteur de l’UMR 7218 LAVUE et membre de l’équipe de recherche ALTER (Université Paris 8).
[4] Jérôme Denis, Professeur, Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines Paris – PSL, i3.
[5] David Pontille, Directeur de Recherche CNRS, Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines Paris – PSL, i3.
[6] Gauthier Roussilhe, Doctorant au Royal Melbourne Institute of Technology (RMIT).
[7] Delphine Corteel, Maître de conférences HDR en sociologie, Université de Reims Champagne-Ardenne, Laboratoire REGARDS EA 6292.
[8] Nicolas Nova, Anthropologue, HEAD – Genève (HES-SO).
[9] Anaïs Bloch, Artiste et adjointe scientifique en anthropologie, HEAD – Genève (HES-SO)



Journée d’étude organisée par le Réseau Approches Critiques du Développement Durable (ACDD)

en partenariat avec le GT « Politiques environnementales du numérique » du GDR CIS (Centre Internet Société)

et le soutien de La Fondation de l’Écologie Politique.