John Law

Au cours de ma carrière, débutée en 1973, j’ai été enseignant et chercheur dans trois universités britanniques : Keele, Lancaster et l’Open University. J’ai aussi été accueilli au CSI dans les années 1980 et 1990 alors que je découvrais la sémiotique matérielle et j’ai écrit sur l’hétérogénéité des technologies avec Michel Callon et Madeleine Akrich. Maintenant retraité, je m’intéresse aux questions postcoloniales. Je travaille en collaboration avec des amis universitaires Sámi sur les luttes indigènes pour la terre et les ressources et sur les politiques de traduction fautive (mistranslation) en Europe sub-arctique. Avec mon collègue taïwanais Wen-yuan Lin, nous travaillons à imaginer les contours possibles de STS moins coloniales, qui reflètent les stratégies pratiques et explicatives de la médecine chinoise.
Ma contribution à « Une Journée avec Bruno Latour »
Dans les années 1980, j’ai été enthousiasmé lorsque Bruno a fait circuler la première ébauche d’Irréductions, que j’ai par la suite (mal) traduit en anglais. En préparant « Une Journée avec Bruno Latour », j’ai relu ce texte. Il est différent, mais toujours étonnamment brillant. Pour moi, son argument sur la multiplicité est aussi puissant qu’il l’était à l’époque. Mais quarante ans plus tard, ce qui me frappe plus encore, c’est le casse-tête qu’Irréductions représente pour la politique de traduction académique. Traduction, trahison, le livre traite de la différence. Ou mieux encore, de la similarité/différence. Les revues de STS regorgent de belles études de cas qui traduisent d’autres pratiques en anglais ou en français. Ce sont autant de leviers d’une introduction de ces pratiques dans les espaces ouverts par nos conventions académiques. En me familiarisant avec l’anthropologie, le postcolonialisme et les études indigènes, j’en suis venu à trouver cette colonisation problématique. C’est donc pour moi le défi le plus urgent lancé par Irréductions. Pouvons-nous écrire les sciences sociales d’une autre manière, peut-être moins coloniale ? Pouvons-nous pratiquer le savoir différemment ? Et si oui, comment ?
Le dessin est un autoportrait.
Intervenants de la Session 1 : Les Science and Technology Studies avec Bruno Latour