Antoine Hennion

Sociologue - Membre d'honneur


  • Présentation



Antoine Hennion est entré au CSI en 1974 en tant qu’étudiant à l’École des Mines, avec une bourse de recherche pour étudier l’industrie du disque. Conduit sous la direction de Jean-Pierre Vignolle, le travail portait sur deux petites firmes de disque, mêlant déjà musique, goûts et marché. Antoine Hennion n’a plus quitté ce centre de recherche, où il a fait toute sa carrière, et qu’il a dirigé de 1994 à 2002. Au CSI, où les discussions croisaient les recherches sur les sciences et les techniques avec des travaux sur le droit et les marchés, il a mené des travaux en sociologie de la musique et de la culture, sur les médias, la publicité et le design, les services et les usagers. Michel Callon mettait alors au point la sociologie de la traduction, qui allait devenir célèbre sous le nom d’ANT (Actor-Network Theory), avec Bruno Latour qui rejoignit le CSI en 1981 et des collègues anglais ou hollandais, puis avec Madeleine Akrich, elle aussi « optionnaire » venue de l’École, pour étudier sous la direction de Hennion le polyptyque de Beaune.

Pour sa part, Antoine Hennion participait à ce développement en croisant les apports des STS (Science & Technology Studies), de la sociologie culturelle et des Cultural Studies pour proposer une théorisation originale de la médiation : c’est l’objet de La Passion musicale (1993), le livre tiré de sa thèse à l’EHESS intitulée « La médiation musicale ». Dans ce livre et par la suite sur le goût et les amateurs, il a moins visé à faire une sociologie de la musique qu’il n’a déployé la sociologie en actes que propose la musique, avec son exigence de la performance au présent, ses médiations, ses amateurs, ses œuvres « toujours à faire ». Il l’a notamment mise en œuvre pour étudier avec G. Teil la formation du goût et les amateurs, sur des domaines contrastés (musiques diverses, sport, vin et agriculture bio…), et dans une recherche historique menée avec le musicologue J.-M. Fauquet sur la formation du goût pour la musique classique à partir de l’exemple de Bach en France au XIXe siècle. Dans les deux cas, il s’agissait de saisir le goût comme activité engagée et créative, instaurant à la fois les compétences de l’amateur, les propriétés de l’objet, et le collectif qui les cultivait.

Dans le fil de ces recherches, Antoine Hennion s’est alors intéressé à l’aide à domicile, au soin et au care, activités qui partagent avec les amateurs un art de l’attention, la maîtrise d’instruments et de techniques, un sens de la situation et du geste juste, un engagement contrôlé du corps et des affects. Au-delà de cela, la nécessité de se confronter, à des degrés divers, à l’exigence d’une œuvre à faire oblige à repenser ce à quoi l’on tient. Ayant ainsi développé une pragmatique des attachements, Hennion a abordé de nouveaux sujets, plus politiques, comme la dépendance, la redirection écologique, ou les problèmes que soulève aujourd’hui l’accueil des migrants : ce n’est qu’au contact de l’altérité que nous prenons la mesure d’identités toujours plurielles et mouvantes. Sur ces situations caractérisées par la fragilité, l’indétermination et la nécessité de l’engagement, il œuvre à présent au renouveau pragmatiste de l’enquête sociale, au sein de divers collectifs (Attachements, Pragmata, le PEROU, Origens Media Lab).

Intérêts*

Dernières publications

* Selon les résumés présents dans la base de données bibliographiques