Stine Engen



Titre de la thèse : Green finance and the turning of climate change into climate risk.

Sous la direction de Kristin Asdal (TIK-Centre for Technology, Innovation and Culture, Université d’Oslo, Norvège) et Liliana Doganova (CSI, Mines Paris-PSL).

Je m’intéresse à la manière dont les connaissances et les pratiques liées au savoir façonnent non seulement notre façon de penser le monde, mais aussi le monde concret (et même matériel) dans lequel nous vivons. Bien que l’un des exemples les plus marquants de ce phénomène soit sans doute dans la bureaucratie de l’État, je m’intéresse particulièrement à la manière dont la connaissance façonne notre société de façon plus fragmentée et plus culturelle.

Je participe actuellement au projet Value threads, dirigé par le Professeur Kristin Asdal, dont l’objectif est d’apporter une meilleure compréhension des pratiques et technologies d’évaluation qui sous-tendent les efforts de transformation de notre économie en une économie « verte » à faibles émissions et de couplage du rendement financier à d’autres valeurs. Dans ce cadre, mon projet de recherche vise à étudier les acteurs de la « finance verte » et plus particulièrement la manière dont ces acteurs travaillent sur la question du climat à travers la notion de « risque climatique ».

Ces dernières années, la finance s’est imposée comme un acteur environnemental, convoqué lors des dernières conférences de la COP sur le climat et par les grands agents intergouvernementaux tels que la Banque européenne d’investissement et la Banque mondiale, qui parlent d’un « déficit d’investissement » à combler pour financer la transition verte. Élément central du « Green Deal » européen, la taxonomie de l’UE vise à guider les « investissements verts » en définissant certaines choses comme vertes et d’autres non. À l’inverse, le secteur financier a répondu à l’appel, les investisseurs institutionnels et les banques mettant en place d’importants services d’investissement vert. De leur côté, les organismes de réglementation tels que les banques centrales ont intégré le changement climatique dans leurs mandats et s’efforcent de gérer le risque que le changement climatique est censé représenter pour la stabilité des systèmes financiers mondiaux – un « risque climatique ».

Qu’est-ce que ce « nouveau » secteur financier « vert » ? De quelle manière et avec quels outils opère-t-il ? On assiste aujourd’hui à une véritable lutte pour définir ce que doit être la question climatique, qui doit y travailler, par quels moyens. A une période où un nombre croissant d’acteurs montrent une volonté de travailler sur le « vert » et de « faire le bien », mon point de départ est la préoccupation qu’une attention critique est nécessaire pour étudier la manière dont ces négociations modifient le paysage politique et ont d’importantes conséquences politiques et environnementales. La compréhension de ce nouveau secteur de la « finance verte » s’inscrit dans un intérêt plus large pour la compréhension des nouvelles initiatives économiques qui tentent de combiner la valeur économique avec d’autres valeurs, et dans une stratégie d’étude des pratiques économiques en tant que culture.

Publications

Engen, S., & Asdal, K. (2024). The politics of climate risk: How the climate issue is turned into a risk issue through the little tools and operations of finance. Journal of Cultural Economy, 1–14.