Sabine Montagne et Fabian Muniesa ont mis sur pied un atelier commun au CSI et à l’IRISSO, intitulé « Sociologie de la finance et figures de l’investissement », qui s’est tenu le 21 mai à l’Université Paris-Dauphine. Le projet d’une collaboration institutionnelle entre le CSI et l’IRISSO avait été décidé en février 2013, à l’issue d’une discussion sur leurs projets respectifs et leurs intérêts de recherche communs, et dans le cadre du projet global PSL Research University.
Dominique Méda, directrice de l’IRISSO, et Alexandre Mallard, directeur du CSI, ont réaffirmé le souhait des deux laboratoires d’organiser des rencontres sur une base plus 
formelle, dans l’objectif d’approfondir les échanges sur la base d’une présentation des travaux de leurs équipes respectives.
La sociologie de la finance, et en particulier la question pressante des « figures de l’investissement », concernent un domaine de recherche et des questionnements autour desquels les deux laboratoires ont déjà travaillé en commun. Sabine Montagne et Horacio Ortiz ont assuré la coordination de deux numéros spéciaux de la revue Sociétés Contemporaines consacrés à une sociologie de « l’agence financière » (n°92 et 93). Leur introduction présente l’abord de la question privilégié dans cette publication :
« Ce dossier vise à déconstruire la notion d’« investisseur » […].Plutôt que de considérer qu’il y a des investisseurs, pleinement investis d’une mission, le dossier vise à explorer, à partir d’études empiriques, comment les décisions d’investir sont prises au terme de relations nombreuses, établies entre différents types d’acteurs. Cette division du travail financier s’appuie sur un ensemble de dispositifs, juridiques, techniques et de représentations, qui constitue ce que nous appelons « agence financière ». Celle-ci se démarque de la représentation économique libérale qui consiste à réduire tout échange à une relation bilatérale entre acheteur et vendeur. » (S. Montagne & H. Ortiz, 2013, “Sociologie de l’agence financière: enjeux et perspectives”, Sociétés Contemporaines, 93, p. 7).
Les discussions au cours de l’atelier se sont organisées autour de quatre présentations de travaux. Les deux premières présentations étaient en relation avec la publication des numéros spéciaux de Sociétés Contemporaines :
- Liliana Doganova (CSI), « Décompter le futur : la formule des flux actualisés et le manager-investisseur ».
- Benjamin Lemoine (IRISSO), « Les « dealers » de la dette souveraine : politique des transactions entre banques et État dans la grande distribution des emprunts français ».
La discussion s’est poursuivie autour de deux présentations de travaux en cours :
- Marlène Benquet (IRISSO) a présenté un projet dont elle est l’une des participantes, « Fixer les prix : sociologie de la production des prix des entreprises par les fonds d’investissement ».
- Jean-Baptiste Pons (CSI) a proposé à la discussion les premières pistes de réflexion suscitées par son travail de thèse en cours : « Gouverner l’invisible : l’offshorisation accidentelle des Euromarchés français ».
Le but de la rencontre était de prendre connaissance de quelques travaux et initiatives conjointes et de les discuter. Le travail entrepris est à plus long terme de penser ensemble des prolongements potentiels autour de la sociologie de la finance ou l’analyse de l’action publique, qui font partie des intérêts communs actuels, mais aussi de lancer des idées de nouveaux chantiers. Les deux laboratoires ont apporté une importante contribution à la constitution du domaine disciplinaire des « études sociales de la finance ». Les réflexions communes comme celles menées au cours de l’atelier sont souhaitables et fructueuses pour le développement de ce domaine de recherche.
Photo : Atelier « Sociologie de la finance et figures de l’investissement », Université Paris-Dauphine, 21 mai 2014. Photo : F. Paterson.