Zone critique. S. Dutreuil CNRS) et J. Gaillardet (Institut de Physique du Globe)


Le séminaire « Expertises économiques et actions environnementales » accueillera

Sébastien Dutreuil et Jérôme Gaillardet

Zone critique

A partir de la notion de zone critique, venant des sciences de l’environnement et reprise par Bruno Latour dans ses derniers travaux, cette séance interrogera les transformations des relations entre sciences, sociétés et politiques, ainsi que du rôle de la critique et des STS, que portent l’essor et la structuration des sciences de l’habitabilité et de leurs infrastructures. Elle est organisée en lien avec le projet FORET soutenu par la MITI du CNRS.

Sébastien Dutreuil (CNRS, Centre Gilles Gaston Granger)
Les sciences de l’habitabilité, les attaques qui les ciblent, et l’héritage des STS : quelles transformations dans nos conceptions des sciences et du rôle de la Critique ?

Il y a plus de vingt ans, Bruno Latour s’interrogeait sur les conséquences – pour la Critique et les STS – de l’essor du complotisme et de l’entretien de controverses par les marchands de doute. Dans le contexte actuel, je propose de prolonger cette analyse en m’intéressant à trois transformations historiques majeures des dernières décennies : la transformation des sciences elles-mêmes et de leur régime de production avec l’essor des sciences de l’habitabilité (climatologie, écologie, zones critiques, etc.) ; les résultats et acquis de l’histoire des sciences et des STS depuis leur constitution ; la pluralité des attaques portées aux sciences, depuis celles des marchands de doute jusqu’aux attaques récentes et brutales se déroulant aux États-Unis et en Argentine notamment. Analysés conjointement, ces éléments doivent nous conduire non seulement à réviser ce que sont les sciences et les rapports qu’elles entretiennent au public et aux puissances ; mais aussi, ce faisant, le rôle de la Critique et des STS.

Jérôme Gaillardet (Institut de Physique du Globe)
La zone critique : pour une science plus située et plus en interaction avec la société.

La zone critique est la pellicule habitable de notre planète dont l’étude nécessite de revisiter les contours scientifiques qui se sont constitués ces derniers siècles. Il s’agit d’abord de redéfinir des objets naturalistes prenant mieux en compte les interdépendances, moins figés et plus animés par des temporalités multiples. Cette initiative, née de la confrontation de résultats des sciences de laboratoire et d’observations du monde extérieur à celui-ci offre par ailleurs l’opportunité d’une meilleure appropriation des faits scientifiques par la société, à la condition que soient mises en place les conditions de cette interaction mutuelle. J’aborderai la manière dont ce mouvement dans les sciences est né et illustrerai sa concrétisation en termes de réseaux d’observatoires, de bases de données et de modèles prédictifs. J’explorerai quelques pistes de recherche et d’expérimentation permettant de donner à cette initiative un réel pouvoir d’action.



Jérôme Gaillardet est géochimiste spécialiste des processus de surface, Professeur de sciences de la Terre à l’Institut de Physique du Globe de Paris et chargé de cours à Sciences Po Paris. Ses intérêts de recherche se concentrent autour du rôle global de l’altération chimique dans le moteur chimique de la Terre et en particulier la géochimie des sédiments transportés par les rivières et produits par l’altération chimique dans les sols. Il est l’auteur de La Terre habitable ou l’épopée de la zone critique (La Découverte, 2023).

Sébastien Dutreuil est historien et philosophe des sciences, chargé de recherche au CNRS, et directeur adjoint du Centre Gilles-Gaston-Granger, à Aix-Marseille Université. Ses intérêts de recherche sont principalement l’histoire et philosophie des sciences de la Terre et de l’environnement, la philosophie de la modélisation et de la biologie. Il est l’auteur de Gaïa, Terre vivante – Histoire d’une nouvelle conception de la Terre (Les Empêcheurs de penser rond, 2024).


Infos et inscription


Date : Vendredi 16 mai 2025, 11h-13h

Lieu : École des Mines, 60 boulevard Saint Michel, 75006 Paris, salle Chevalier.

Une transmission par visioconférence est également prévue. Le lien sera transmis sur inscription juste avant le séminaire.

Le séminaire est ouvert à tous. Pour participer au séminaire, merci de vous inscrire ici. 

Contact : Béatrice Cointe, Kewan Mertens ou Alexandre Violle

En savoir plus sur les attendus et le programme du séminaire



Crédit photo : Sébastien Dutreuil, Centre Gilles Gaston Granger.
Crédit photo : Jérôme Gaillardet, Institut de Physique du Globe de Paris.