The Center for the Sociology of Innovation (i3 CNRS UMR 9217, Mines Paris – PSL)
is pleased to invite you to the thesis defense of
Clément Foutrel
The zone and its networks
From Monaco to Monastir, an investigation
of marine protected areas in Tunisia
Doctoral thesis specialized in STS (Sciences, Technologies & Society), prepared at Mines Paris – PSL, under the Social Sciences programme of SDOSE doctoral school, “Sciences of Decision, Organizations, Society and Exchange”

The jury is composed of:
Isabelle ARPIN | Directrice de recherche | Lessem, INRAE | Rapporteur |
Kristin ASDAL | Professor | TIK, University of Oslo | Examiner |
Béatrice COINTE | Chargée de recherche CNRS | CNRS, Mines Paris – PSL | Thesis co-supervisor |
Tarik DAHOU | Directeur de recherche | IRD | Rapporteur |
Fabien LOCHER | Chargé de recherche CNRS | CNRS, EHESS | Examiner |
Fabian MUNIESA | Directeur de recherche | Mines Paris – PSL | Thesis supervisor |
Summary of the thesis
Protected areas, whether marine or terrestrial, have established themselves as the flagship instrument of biodiversity protection policies at the global level. According to the IUCN (International Union for Conservation of Nature), a protected area is a clearly defined geographical area, recognized, dedicated and managed, by any effective means, legal or otherwise, in order to ensure the long-term conservation of nature as well as the ecosystem services and cultural values associated with it. The protected area therefore appears as a spatial device, a kind of zoning.
The case of marine protected areas (MPAs) in Tunisia calls into question this definition, which characterizes a protected area, primarily as a defined geographical area. In Tunisia, no MPAs have yet been officially created, and no legal text establishes their perimeter. However, areas are funded by international actors, co-management teams have been established, and scientific and species monitoring activities have been carried out. Unlike the often-criticized “paper parks,” MPAs in Tunisia are more akin to “paperless areas.”
This doctoral thesis seeks to answer the following question: how are such areas made governable? By bringing into dialogue the geography and anthropology of conservation with actor-network theory, the thesis shows that these areas must be considered as networks. These networks are made up of both human and institutional actors (funders from Northern countries, cooperation actors, consultancies, NGOs, intergovernmental organizations) and non-human entities (animal species, databases, management plans, reporting documents, etc.) that circulate in transnational spaces, assemble and end up making Tunisian MPAs tangible and governable.
Based on a multi-sited study conducted among “nature professionals” involved in the development of Tunisian and Mediterranean MPAs – field managers, coastal agencies, donors, and design offices – the thesis examines several technologies and instruments that make MPAs governable: the development of “co-management”, “sustainable” financing, spectacular mediations of the sea turtle, the conduct of naturalist studies, and the development of a database of Mediterranean MPAs. The thesis describes the work required to deploy these instruments as “diplomatic:” they involve both a “science of negotiations” in order to develop a shared language between various entities, and a form of geopolitics, with MPAs, marginal zones, caught in dynamics of territorial appropriation.
Résumé de la thèse
Les aires protégées, qu’elles soient marines ou terrestres, se sont imposées comme l’instrument phare des politiques de protection de la biodiversité au niveau mondial. Selon la définition classique de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), l’aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ». L’aire protégée apparaît donc comme un dispositif spatial, un zonage.
Le cas des aires marines protégées (AMP) en Tunisie remet en question cette définition caractérisant l’aire protégée, avant tout, comme un périmètre géographique défini. En Tunisie, aucune AMP n’a encore officiellement été décrétée et aucun texte juridique ne vient fixer leur périmètre. Pourtant, des zones sont bien financées par des bailleurs de fonds internationaux, des équipes de cogestion y sont mises en place, des suivis scientifiques et des actions de monitoring d’espèces réalisés. À rebours des « parcs de papier » souvent décriés, les AMP en Tunisie s’apparentent davantage à des « aires sans papier ».
Cette thèse doctorale s’attache à répondre à la question suivante : comment des zones dont les périmètres ne sont pas définis sont-elles rendues gouvernables ? En mettant en dialogue la géographie et l’anthropologie de la conservation avec la sociologie de la traduction, la thèse montre qu’il faut considérer ces zones comme des réseaux. Ces réseaux sont constitués à la fois d’acteurs humains et institutionnels (bailleurs de fonds de pays du Nord, acteurs de la coopération, bureaux d’étude, ONG, organisations intergouvernementales) et d’entités non-humaines (espèces animales, base de données, plans de gestion, documents de reporting, etc.) qui circulent dans des espaces transnationaux, s’assemblent et finissent par faire des AMP tunisiennes des réalités tangibles et gouvernables.
À partir d’une enquête multisituée menée auprès des « professionnel·les de la nature » impliqué·es dans le développement des AMP tunisiennes et méditerranéennes – gestionnaires de terrain, agence du littoral, bailleurs de fonds, bureaux d’études – la thèse revient sur plusieurs technologies et instruments qui permettent de rendre les AMP gouvernables : développement de la « cogestion », de financements « durables », médiations spectaculaires de la tortue marine, réalisation d’études naturalistes ou encore élaboration d’une base de données des AMP méditerranéennes. La thèse qualifie de « diplomatique » le travail que requiert le déploiement de ces instruments : ces derniers engagent à la fois une « science des négociations » afin d’élaborer un langage partagé entre des entités variées et une géopolitique, les AMP, zones de la marge, étant prises dans des dynamiques d’appropriation du territoire.
Key-words: Networks, Marine protected areas, Mediterranean sea, Biodiversity, Government of nature, Zone
Mots clés : Réseaux, Aires marines protégées, Méditerranée, Biodiversité, Gouvernement de la nature, Zone