Innovation responsable dans les TIC : la question de la traçabilité numérique

La protection de l’environnement et de la santé des personnes, la sécurité publique et des chaines logistiques, la maîtrise de la demande et de l’offre énergétique, sont des nouvelles opportunités de développement pour les technologies numériques. Des objets et des environnements communicants, faits de capteurs, d’émetteurs, d’enregistreurs, de lecteurs, d’infrastructures réseau, sont aujourd’hui conçus et déployés pour tracer un produit tout au long de son cycle de vie, identifier une personne pour sécuriser l’accès à un bâtiment ou à un territoire, suivre des comportements pour les modéliser et faire des prédictions statistiques. Ces environnements communicants faits d’étiquettes et de réseaux intelligents exploitant des traces de comportement ou d’usage permettent de donner accès à une information sur tout et partout pour identifier, localiser, tracer, surveiller, automatiser.

L’identification par radiofréquences (RFID) est de plus en plus évoquée dans le débat public, sans qu’elle soit vraiment bien comprise par l’utilisateur final. Ce descendant du code barre est une avancée technologique qui permet à un lecteur de récupérer à distance et sans contact des données stockées sur une puce électronique communicante (smart tag). Invisible, la RFID fait déjà partie de notre quotidien : sur l’autoroute, sur notre carte de transport et notre passeport, sur notre table, à la bibliothèque, à l’hôpital, pour tracer les objets qu’on manipule ou nous identifier et suivre nos comportements lors de nos activités habituelles.

Le déploiement à large échelle de la traçabilité numérique (et, en particulier, de ce système  technologique qu’est la RFID) est préconisé au niveau gouvernemental pour accompagner ou informer les décisions des citoyens, des entreprises et des gouvernements, aussi bien au niveau de l’environnement et de l’énergie, que des pratiques sociales, pratiques d’achat par exemple.

Mais ce déploiement ne va pas sans risque et pose des questions en termes d’impact, social et environnemental. Des controverses scientifiques et publiques se construisent progressivement autour du risque d’atteinte à la vie privée, du risque sanitaire et du risque écologique auxquels la traçabilité numérique est généralement associée. Les débats portent sur les droits d’exploitation et sur les usages des masses de données ainsi récoltés, sur les effets probables du « sans contact »ou du « sans fil » sur la santé humaine, sur la fin de vie des étiquettes électroniques et des objets qui les embarquent, ou encore, sur la gourmandise énergétique des serveurs destinés à stocker et à traiter les données.

Encore en quête de fondements scientifiques, les gouvernements s’attaquent à ces questions en obéissant à une logique proactive et précautionniste. En effet, le déploiement à large échelle de la traçabilité numérique ne peut pas être envisagé sans avoir une approche réflexive de l’innovation, prenant en compte ses externalités potentielles en amont du processus de développement. C’est là que nous paraît se situer le défi de l’innovation responsable pour ces nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Un groupe de travail piloté par Laura Draetta, enseignant-chercheur à Télécom ParisTech se penchera en 2013 sur ces questions.

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